Production et utilisation des granulats en France : sable, gravier, recyclés. Enjeux écologiques, ressources clés de la construction
Avec une production totale atteignant 329 millions de tonnes en 2020, les granulats représentent l'une des ressources stratégiques pour les secteurs du bâtiment, des travaux publics et du génie civil. Ils sont en effet à la base du béton, des travaux ferroviaires, de voirie, ou encore d'endiguement.
Provenant de roches meubles, massives ou du recyclage, les granulats sont utilisés directement ou après traitement, comme le concassage. Ils fournissent ainsi les matières premières essentielles à la construction des infrastructures et bâtiments.
Depuis le début des années 2000, la production de granulats a connu des variations significatives, passant de 6,9 tonnes par habitant à une moyenne actuelle de 5,3 tonnes par habitant, reflétant les fluctuations de l’activité économique. 2008 et la crise des subprimes a été un moment de forte chute (baisse de la production de 25%) suivi d’un rebond depuis 2016 et d’un léger déclin à nouveau depuis 2020. Sur le long terme de manière lissée, la production nationale de granulats représente 90% des minéraux non métalliques et couvre 97% des besoins du pays.
Cet article explore en détail la production des différentes catégories de granulats – sable, gravier, grave, caillou, et granulats recyclés – et leur répartition en France.
En France, les granulats proviennent de plusieurs sources :
Les granulats marins restent marginaux, représentant seulement 2 % de l’extraction totale.
L'extraction de ces roches est réalisée grâce à de l’explosif, lors de la phase appelée abattage.
Le matériau extrait est transféré vers l'installation, est lavé, concassé puis criblé en différentes granulométries.
À égalité, les roches massives les plus utilisées sont de 2 types.
Les roches calcaires, issues de dépôts marins anciens, sont des roches sédimentaires (coquillages, coraux, micro-organismes) riches en carbonate de calcium, appréciées pour leur facilité de travail et leur utilisation dans les granulats de construction standards (bétons et routes). Elles sont particulièrement présentes dans les régions comme Grand Est ou Occitanie, riches en carrières de calcaire.
Les roches éruptives, formées par le refroidissement du magma, sont des roches très denses et résistantes, idéales pour des applications exigeant une grande durabilité comme les voies ferrées ou les enrochements. Les régions montagneuses comme Auvergne-Rhône-Alpes ou Provence-Alpes-Côte d'Azur sont riches en roches éruptives.
Les roches meubles sont plus faciles à exploiter car elles ne nécessitent pas de concassage.
Il n'y a donc que 2 étapes après l'extraction : du lavage, car le matériau est fortement mélangé avec de l’argile puis un tri par granulométrie.
On distingue ces roches en 2 familles principales.
Les roches alluvionnaires sont des dépôts sédimentaires formés par l’érosion et le transport de graviers et sables par les cours d’eau. Ces matériaux, issus de l’altération des roches en amont, se déposent dans les lits des rivières, plaines alluviales ou deltas, créant des gisements faciles à exploiter.
Leur forme arrondie et leur granulométrie homogène les rendent idéales pour les granulats destinés au béton, aux mortiers, et aux couches de roulement.
On les trouve majoritairement dans les vallées fluviales et les zones proches des rivières, comme en Nouvelle-Aquitaine ou en Pays de la Loire.
Les sables marins sont eux issus des fonds marins et sont donc extraits directement en milieu marin par dragage. Ils sont formés par l’accumulation de particules érodées des côtes ou apportés par les courants marins. Ils se composent principalement de sable homogène, parfois mélangé à des fragments coquilliers, avec des résidus salins nécessitant un traitement préalable. On les utilise dans le béton ou comme matériau de remblais.
Le sable est un matériau indispensable à la production de béton, de mortier et d’autres applications de construction. Il est extrait soit dans des carrières terrestres, soit par dragage en milieu marin. Les régions littorales comme les Pays de la Loire, la Nouvelle-Aquitaine, et certaines zones côtières dominent largement cette production, grâce à leurs ressources naturelles abondantes.
Cependant, la raréfaction progressive du sable, due à une demande croissante et à l’épuisement des gisements, impose des défis majeurs. Pour préserver cette ressource critique et limiter les impacts environnementaux liés à son extraction, des réglementations strictes encadrent désormais les activités d’exploitation. En Île-de-France, où les ressources locales sont insuffisantes, cette situation oblige à l’importation massive de sable provenant d’autres régions, accentuant ainsi les enjeux logistiques et environnementaux.
Le gravier, principalement extrait de roches massives (calcaires ou éruptives), est le matériau de prédilection pour les fondations et infrastructures routières. Le gravier est abondamment produit dans des régions comme Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, et Grand Est, où les carrières sont particulièrement nombreuses.
La grave, mélange de sable et de gravier, est appréciée pour ses propriétés mécaniques et sa polyvalence dans les infrastructures routières et ferroviaires. Les régions comme Grand Est et Nouvelle-Aquitaine se distinguent par leur capacité à fournir ce matériau essentiel.
Le caillou est principalement utilisé pour des applications spécifiques comme le drainage, les gabions ou les ouvrages de soutènement. Les régions montagneuses telles que Auvergne-Rhône-Alpes tirent parti de leur géologie pour produire des cailloux de qualité supérieure.
Les granulats recyclés, issus des déchets de construction et de démolition, représentent 9 % de la production totale, soit 32 millions de tonnes en 2020. Leur usage a presque triplé depuis 1992, permettant d'économiser une ressource par nature épuisable. En Île-de-France, environ 5 millions de tonnes de granulats recyclés sont produites chaque année, représentant 21 % de la production nationale de recyclés.
Cette tendance est soutenue par la directive-cadre européenne sur les déchets, qui fixe à 70 % la part des déchets de construction devant être réemployés ou recyclés. En 2020, seulement 59% des déchets du BTP étaient réutilisés sur un autre chantier, mais 11% supplémentaires étaient remis à un fournisseur ou collecteur donc potentiellement recyclés.
Les roches meubles proviennent principalement des régions littorales, comme les Pays de la Loire et la Nouvelle-Aquitaine. Les roches massives dominent dans les régions riches en carrières, telles que l'Auvergne-Rhône-Alpes, l'Occitanie et le Grand Est. Les granulats recyclés, quant à eux, sont particulièrement présents en Île-de-France, où ils jouent un rôle crucial pour combler le déficit local.
En Île-de-France, la consommation annuelle de granulats est d'environ 30 millions de tonnes, ce qui correspond à une moyenne de 2,9 tonnes par habitant. Cette consommation par habitant est inférieure à la moyenne nationale, qui s'élève à environ 5 tonnes par an.
La production régionale de granulats naturels y est en déclin depuis plus de deux décennies, se stabilisant autour de 10 millions de tonnes ces dernières années. Pour combler l'écart entre la production locale et la demande, environ 45 % des granulats consommés en Île-de-France sont importés d'autres régions.
Par ailleurs, la région produit environ 5 millions de tonnes de granulats recyclés par an, représentant près de 21 % de la production nationale de granulats recyclés. En résumé, l'Île-de-France consomme environ 30 millions de tonnes de granulats par an, soit 2,9 tonnes par habitant, avec une production locale de 10 millions de tonnes et une contribution significative du recyclage.
Les granulats, qui représentent plus de la moitié des matières prélevées en France, jouent un rôle essentiel dans le secteur de la construction, mais leur production soulève d’importants enjeux environnementaux et économiques. L’exploitation des granulats, qu’elle provienne de carrières terrestres ou marines, génère des impacts significatifs. Avec environ 3 300 sites de production en activité en 2020, occupant près de 1 100 km² (soit 0,2 % de la surface de la France), cette activité entraîne des modifications profondes des sols et sous-sols par le décapage, l’extraction et les terrassements.
Quant aux granulats marins, leur exploitation suscite des préoccupations spécifiques, notamment le risque d’érosion côtière. La décision du Conseil d’État (25 février 2019) souligne la nécessité d’appliquer le principe de précaution dans ce domaine. Cela implique des évaluations approfondies des risques et la mise en œuvre de mesures proportionnées pour protéger les écosystèmes marins et les côtes.
Face à ces défis, la croissance des granulats recyclés et les efforts pour limiter les prélèvements naturels témoignent d’une volonté de rendre cette industrie plus durable. En s'efforçant d'équilibrer développement économique et préservation des écosystèmes, la France reste un acteur clé de cette ressource stratégique, mais doit intensifier ses efforts pour minimiser les impacts environnementaux de cette activité essentielle.
Pour se lier à cette dynamique, Koncrete favorise les matériaux recyclés, propose une note carbone pour chacun des matériaux et s’engage en faveur du réaménagement des carrières.